Une belle phrase, un groupe de mots propre à rendre une réalité, un objet ou une pensée complexe compréhensibles, sont généralement le résultat de l'utilisation de figures de style. D'autre part, une expression poétique, une publicité apte à convaincre et un discours politique remuant un public ont quelque chose en commun : encore une fois, les figures de style.
Bref, pas d'exagération possible, depuis l’ironie d’un texte d’Hugo à l’hyperbole d’un slogan publicitaire, les figures de style n'ont pas qu'un rôle spécifique : elles donnent un nouveau sens au langage quotidien et permettent de créer divers effets.
Vous voulez connaître les caractéristiques d'une multitude de figures de style ? C'est le thème de cet article, qui a pour but de rendre à l'emploi des figures de style sa vraie valeur, et d'expliquer clairement l'art du maniement de ces procédés d'écriture !
Qu'on soit auteur ou orateur, qu'on écrive une fable ou de la poésie, il n'existe qu'une définition à la figure de style. C'est un procédé linguistique, grammatical ou rhétorique qui consiste pour un auteur à être technique en jouant avec les mots, les idées et les phrases, et qui cherche à obtenir un type d'effet particulier dans un énoncé.
Ces procédés d'écriture servent à modifier la langue. Une simple métonymie peut faire d'un animal une famille, une antiphrase transformer le laid en beau, une anacoluthe changer la face de la terre ! Une figure de style est aussi capable d'émouvoir, ou de séduire. Utiliser une comparaison pour mettre en parallèle un élément et un autre crée la surprise, une énumération dont le cours est soudain brisé par une asyndète intrigue, une périphrase abstraite est une manière de jouer avec un concept...
Ces outils peuvent avoir un effet sémantique, par exemple en transformant la nuit en personne : « Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche 8» (Charles Baudelaire). Ici on a une allégorie, qui consiste à utiliser un personnage en substitution d'une idée abstraite. Elles peuvent aussi exprimer par les sons ce qu'on doit voir : "Tout en faisant trotter ses petites bottines" (Arthur Rimbaud). Au cœur de cette allitération en [t], on représente le son entendu des "bottines" sur le pavé.
Dans une oeuvre, une figure de style vise donc à exprimer une idée, à rendre l'énoncé plus expressif, à amplifier son propos ou à rendre compte d'un parallélisme impensé entre un point de la réalité et un autre, comme dans cet oxymore de Pierre Corneille; qui si bien la fin du jour : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » (Corneille)
Que ce soit le nez de Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, ou celui de Cléopâtre de Blaise Pascal, une figure de style a toujours pour but de créer une nouvelle réalité : soleil noir, le peuple promontoire, le pays du soleil levant...
Tous ces exemples veulent, au départ, produire un effet pour éviter le lieu commun. En comparant un nez à un cap, ou en faisant d'un nom commun une personne, on vient repérer une réalité différente, et on devient capable de faire appel à une émotion directe et inattendue. En les utilisant pour la communication, l'hyperbole « Paris est la plus belle ville du monde » par exemple, on peut vouloir persuader, ou captiver. On peut aussi chercher l'ironie, avec une antiphrase « Bravo, quel beau travail ! », faire rire comme Honoré de Balzac avec une comparaison «sa personne dodue comme un rat d'église » ou alors impressionner comme Racine avec cette belle polysyndète « Mais tout dort, et l’armée, et les vents, et Neptune ».
Pour un auteur qui veut éviter le superflu, les analogies ont beaucoup d'importance. Elles évitent notamment la répétition, mal vue en langue française. En effet, quand on reprend trop souvent les mêmes images, on peut créer un effet de "double" qui écorche l'oreille à l'oral quand ça n'est pas maîtrisé ou voulu. Voici les plus connues :
●Comparaison : « Ses cheveux sont doux comme de la soie ». Il y a ici un effet de liaison qui permet de laisser le lecteur faire un rapprochement entre deux éléments, une chose opposée ou complémentaire. ( On met souvent « comme » ou « tel » pour bien insister sur le comparé et le comparant).
●Métaphore : « Et tes mains feuilles de l'automne » (Guillaume Apollinaire) Les lecteurs aiment le côté de mise en parallèle entre un nom commun et un autre. La métaphore est un générateur gratuit de point de vue nouveau sur l'existence.
●Personnification : « Le vent murmure dans les arbres. » Cette figure de style consiste en l'attribution de caractéristiques humaines à un animal ou à un objet.
●Allégorie : « D'en haut, La Pluie brutale coule sur ses joues. » En littérature, cette figure de rhétorique donne une forme concrète à une idée abstraite, ici la tristesse devient la pluie.
Ces figures jouent sur le contraste pour mettre en relief une idée ou un élément.
●Antithèse : « Paris est tout petit, c’est là sa vraie grandeur. » Elle oppose deux idées contradictoires.
●Oxymore : « Cette obscure clarté. » Elle associe deux mots de sens contraire dans un même groupe syntaxique.
●Paradoxe : « Les crimes engendrent d’immenses bienfaits et les plus grandes vertus développent des conséquences funestes » (Paul Valéry)
●Hyperbole : « Je meurs de faim ! » Elle exagère une idée pour en renforcer l’impact.
●Litote : « Ce n’est pas une mauvaise idée. » Elle atténue une idée pour mieux la souligner.
●Gradation : « Je marche, je cours, je vole. » Elle crée une progression croissante ou décroissante.
●Euphémisme : « Il nous a quittés. » Qui peut aussi avoir un effet ironique, doit modifier un peu la forme de la réalité pour la rendre moins brutale.
Ces figures jouent avec les sons pour créer différents effets :
●Allitération : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (Racine) Elle répète des consonnes identiques.
●Assonance : « Les sanglots longs des violons de l’automne. » (Verlaine) Elle répète des voyelles similaires.
●Paronomase : « Qui se ressemble s’assemble. » Cette figure rapproche des mots aux sonorités proches mais au sens différent.
●Anaphore : « J’accuse… J’accuse… J’accuse… » (Zola) La répétition d’un mot ou groupe de mots en début de phrase crée un effet d’insistance.
●Chiasme : « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. » Cette figure repose sur une construction en miroir.
●Ellipse : « L’important, c’est la rose. » Elle supprime des éléments syntaxiques pour aller à l’essentiel.
Mais il y a aussi en littérature des figures moins courantes, qui peuvent apporter une touche d’originalité à vos textes :
●Hypallage : « Un vieillard en or avec une montre usée. » Elle attribue une caractéristique à un objet qui appartient en réalité à un autre.
●Synecdoque : « Les voiles sur l’horizon. » Elle désigne une partie pour le tout.
●Catachrèse : « Les bras d’un fauteuil. » Elle emploie un autre mot, hors de son sens, propre par manque de terme approprié.
●Prétérition : « Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris,
Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris,
Le fils assassiné sur le corps de son père » (Voltaire) Cette figure consiste à dire que l’on ne dira pas ce que l’on s’apprête à dire.
Tout d'abord, il est essentiel de décortiquer la structure de la phrase et d’analyser tous les éléments syntaxiques et sémantiques. Par exemple, vous pouvez repérer les gradations « Je meurs, je suis mort, je suis assassiné ! » (Molière) , ou bien les oppositions, ou les comparaisons et métaphores. Pour un exercice pratique vous pouvez analyser des textes célèbres, comme ceux de Victor Hugo, ou Jean de La Fontaine, et identifier tous ces procédés stylistiques.
Certes, les figures de styles peuvent enrichir une idée, vous donner accès à un langage figuré, et par conséquent elles peuvent améliorer vos écrits. Cependant, trop de figures de rhétorique peuvent nuire. Il faut toujours faire attention à son style, comme le critique Gérard Genette ou l'auteur César Chesneau le soulignent. En effet, les clichés et les maladresses peuvent advenir : les pléonasmes peuvent alourdir un texte, tandis que des figures trop complexes risquent de perdre le lecteur. Restez vigilant(e) !
Par ailleurs, les figures de style ne servent pas uniquement à émouvoir, elles peuvent aussi chercher à manipuler. Par exemple, dans les discours politiques, où l’anaphore, qui consiste à répéter, en début ou fin de phrase les mêmes mots, fait naître une conviction inébranlable.
Pour le bac de français, quelles sont les figures de style les plus utilisées ?
L’anaphore, l’hyperbole, et la métaphore sont les plus utilisées et les plus attendues dans les analyses de texte.
Comment reconnaître une figure d’amplification ?
Cherchez des gradations, des exagérations ou des accumulations.
Quelle est la différence entre une comparaison et une métaphore ?
Une comparaison établit une liaison explicite grâce à des connecteurs, "comme" et "tel que". Une métaphore supprime le mot de liaison, afin de produire un effet plus direct entre les objets mis en relation.