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Écrire une histoire à partir d'une chanson

Consigne : écrire une histoire à partir de la chanson de Shay : « Thibault Courtois ».

Jalouse, moi ?

Elle était étalée dans une mare de sang. De son propre sang. Les yeux écarquillés de surprise. La jupe relevée sur ses cuisses flasques. Ça puait la pisse. Elle avait dû se laisser aller quand j’ai dégainé mon couteau de cuisine japonais. Pour le planter dans la bouche qui allait sûrement me supplier de la laisser vivre. La lame s’était figée dans le haut du palais, un morceau de langue avait volé à travers la pièce, et cette salope avait le côté de la joue gauche fendue. Quand j’ai retiré la lame, quelques morceaux de chair, de dent, et de matières non déterminées avaient suivi. C’était dégueu… Mais j’étais satisfaite du résultat. Elle s’était effondrée, là dans sa cuisine. L’entaille gauche sur son visage lui faisait un grand demi-sourire. On aurait presque dit le Joker dans Batman. Un Joker moins drôle et cynique. Et mortel…

C’était la troisième. Les deux autres, j’avais eu plus de fil à retordre. J’étais ni entraînée aux techniques de mise à mort, ni préparée aux réactions violentes des victimes, aux giclées de sang, aux odeurs nauséabondes, à la montée d’adrénaline et de bien-être qui m’envahirent. La première, je l’avais défoncée, classiquement, avec une bagnole. Je l’avais bien tamponnée : elle avait volé par-dessus le capot et le toit de la voiture, pour atterrir la gueule sur le bitume. Son cou et sa tête formaient un angle bizarre par rapport au tronc. On se serait cru dans l’Exorciste. Elle avait un peu grommelé, la bouche tellement explosée qu’on ne comprenait pas la langue qu’elle utilisait. C’était bien un remake de l’Exorciste. Ça m’avait pas plu. J’ai fait une marche arrière. Ça a fait un gros ploc. Puis un gros splash, quand les roues lui sont passées dessus. Et puis pour finir, j’ai enclenché à nouveau la première, en appuyant doucement sur l’accélérateur, tout au ralenti, pour bien sentir tous ses os craquer sous le poids de la caisse.

La deuxième, ça s’est passé au corps à corps, un cordelette d’acier fine passée autour du cou. Une attaque furtive, par derrière, dans la rue, au moment où elle ouvrait la porte de chez elle. Elle avait essayé de retirer la cordelette, mais elle était rentrée si profondément dans la chair de son cou, qu’elle ne pouvait y passer les doigts. Alors, elle avait tenté de saisir mes cheveux, d’attraper ma bouche, mon nez, de crever mes yeux. Mais j’ai serré de plus en plus fort. La trachée a explosé et la carotide s’est coupée en deux, libérant des flots d’hémoglobine. Elle s’est affaissée lentement, le long de mon corps, serrées en un slow silencieux. L’odeur de pisse, déjà. Et celle de la merde ensuite. Je n’avais pu résister au plaisir de lui foutre quelques coups de talon dans la tronche, lui pétant le nez, la mâchoire et les orbites. Je regrettais de ne pas lui avoir fait ça quand elle était encore en vie, avant de la stranguler.

Il m’en reste une dizaine. Disséminées dans toute la France. Plus une en Suisse, et une autre au Paraguay. J’ai tout mon temps. Je les aurai une par une. Ça me fait du bien… et ça me rassure… Je supporte pas les ex de mon mec.