Donner de la profondeur à ses textes

Certains textes semblent receler en eux-mêmes un espace mystérieux, situé sous la surface du texte et chargé de sens

Pourquoi certains romans nous hantent-ils, longtemps après que nous les avons lus ? Pour quelle raison avons-nous plaisir à en relire d’autres, inlassablement ? D’où vient que chaque relecture nous ouvre de nouvelles perspectives ? Et ces titres, ou ces couvertures qui nous attirent, comme s’ils ne s’adressaient qu’à nous-mêmes ? 

Certains textes sont dotés d’une étonnante profondeur de champ. Ils semblent receler en eux-mêmes un espace mystérieux, situé sous la surface du texte et chargé de sens : ce qu’on appelle le sous-texte. 

« Le texte est la surface sensorielle d’une œuvre d’art, écrit le professeur de dramaturgie Robert McKee dans son célèbre manuel, Story. Au cinéma, ce sont les images à l’écran et la bande son qui contient le dialogue, la musique et les effets sonores. Ce que nous voyons. Ce que nous entendons. Ce que les gens disent. Ce que les gens font. Le sous-texte correspond à la vie sous la surface, les pensées et les sentiments à la fois connus et inconnus, dissimulés par le comportement. (...) Il y a toujours un sous-texte, une vie intérieure qui sert de contraste ou qui contredit le texte. » 

En littérature, le texte, c’est ce qui est écrit. Le sous-texte, ce qui est sous-entendu. Par un certain registre de langues, le rythme des phrases ou le rapport singulier qu’un personnage entretient vis-à-vis du monde…, le roman va nous transporter, nous émouvoir, susciter dans notre esprit des images mentales particulières. 

Les ateliers sont une occasion unique d’aborder ce sous-texte, de partager les résonances que provoque en nous tel passage, telle scène ou personnage. Pour moi, l’école des Mots est un endroit inouï pour réfléchir à ce qui fait la profondeur d’une fiction. J’aime quand nous abordons, chacun, chacune avec nos images mentales, les rivages invisibles du texte.  

Cet atelier vous apprendra à nourrir vos écrits, les épaissir pour les rendre plus puissants. Comment doter son texte d’un sous-texte ? Comment lui apporter une dimension supplémentaire, cette profondeur qui ravira, dans tous les sens du mot, le lecteur ? 

Il existe deux façons, l’une technique, l’autre plus intime, de doter son texte d’un sous-texte. Techniquement, je vous proposerai de jouer sur le style (éléments de langage, hors-champ, flux de conscience…) pour susciter des images mentales complémentaires, complexes voire troubles, dans l’esprit de votre lecteur. Travail plus intérieur, je vous inviterai, par des consignes projectives, à réfléchir à l’intention, aux raisons profondes qui vous poussent à aborder tel ou tel sujet. 

L’auteur doit garder en tête, et apprivoiser l’idée qu’une part de son travail se fait en souterrain. Ainsi ne parvenons-nous jamais à insuffler toute l’émotion que nous souhaiterions dans nos écrits ; tandis que nous réalisons, le plus souvent après coup, qu’on a laissé poindre dans le texte ce que nous n’avions pas du tout prévu de révéler. « Écrire, c’est se dénoncer », écrit Serge Joncour. Qu’on se désole ou se réjouisse, quand tel est le cas c’est que le texte nous aura échappé. Mais, sûr !, à force de travail nous pouvons un peu dompter cette curieuse alchimie entre imaginaire et pensées secrètes.

(Page mise à jour le : 29 déc. 2024)