Écrire quand c'est vital !

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On a tous une lettre à écrire à quelqu’un ou à soi-même. Quelque chose d’essentiel à dire. Il n’est pas nécessaire d’être écrivain pour écrire des lettres magnifiques. Il suffit juste d'un élément déclencheur.

La Lettre. Celle qui peut changer une vie. Des vies. Découvrez toute la puissance de l'épistolaire, en vous prêtant au jeu de l'écriture d'une lettre intime au cours d'un atelier d’écriture. On écrit pour faire exister. Quand tout a été dit, écrire est parfois la seule issue. Écrire une lettre est accessible à tous, quels que soient l'âge, le sexe, les préoccupations et les rêves.

En 2019, lorsque sort mon premier roman, Donne-moi des fils ou je meurs (Grasset), j'ai plus que jamais besoin d'exprimer ce que je ressens. J'ai perdu de nombreux enfants à différents stades de grossesse et poser des mots sur cette réalité se révèle, pour moi, vital : une façon de faire face à ma colère, à mon impuissance et aux silences pudiques ou simplement gênés du monde qui m'entoure. Je réalise alors combien l'écriture de l'intime détient d'incroyables pouvoirs thérapeutiques. Elle permet, dans un même mouvement, d’accéder à notre “moi” profond et de se connecter immédiatement, par la force de la sincérité, à l'Autre.

Cette expérience qui m'a sauvée (je n'ai pas peur de le dire), j'ai eu, depuis, envie de la faire vivre à d'autres. Cela fait un an et demi que j'anime régulièrement des ateliers d'écriture sur le thème de “La Lettre”, notamment au sein de résidences d'artistes comme La Folie Barbizon mais également dans des centres de santé ou des associations pour femmes. Je propose à un petit groupe de personnes venues de tous horizons et tous âges, de goûter à la joie de l’écriture pendant quelques heures. À l’issue de la séance, chacun repart avec une lettre manuscrite qu’il aura écrite à un membre de sa famille, un amour, un(e) ami(e) ou, le plus souvent, à lui-même (à l’enfant qu’il a été, à la personne qu'il aimerait devenir) .

Les séances se découperont en plusieurs temps :

1. Au départ, en groupe, nous libérons les émotions et le pouvoir magique des mots à travers différents exercices (à côté de mon métier d'écrivaine, je travaille dans l'accompagnement depuis presque vingt ans).

2. Le deuxième temps se fait, seul(e), devant sa feuille, avec papier et stylo plume. Je passe alors un moment avec chacun, en tête-à-tête, pour aider à la libération des mots sur le papier.

3. Enfin, lorsque la lettre est prête, elle est soit directement mise sous enveloppe, soit partagée au reste du groupe.

Je suis toujours bouleversée de voir combien ce partage survient presque systématiquement : comme pour mettre à distance ce qui vient d'être lâché et ainsi mieux voir ce qui est, comme pour se souvenir qu'on est pas seul à devoir composer avec des non-dits, des traumatismes, des fantômes et nos émotions. Plus tard, dans l’intimité d’une chambre, chacun décidera de l’avenir de sa lettre : à poster - à conserver - à jeter - à brûler (par exemple, après avoir rédigé sa "Lettre au père", Kafka, lui, avait préféré la ranger dans son tiroir).